Fafreluche et Kro, son équipière de voyage, décident de quitter Sofia. Elles s'accordent en cœur pour se rendre à Sarajevo. Les deux acolytes préparent comme il se doit leur prochaine nuit dans le train. Elle grimpe dans le cracheur de vapeur avec bière et un mélange vodka-pomme. Elle sont ravies de quitter Sofia et bien décider à fêter cela. Seules dans une cabine, elles trinquent en riant les premières quelques heures.
Vers 23h, le train s'arrête. Des hommes montent avec des chiens. Contrôle routinier des douanes. Ils entrent dans la cabine des deux filles et leur demandent : « PACHAPORTE ! »
Les emmerdes commencent. L'une d'elle n'a pas de passeport. Elles tentent une négociation dont on ne rapportera pas les propos pour cause de relans de vodka-pomme. Les douaniers sont intransigeants : pour entrer en Serbie, il faut un passeport ! Ils sortent les deux excitées du train, sous les yeux des autres passagers accoudés aux fenêtres. Clandestines, pensent-elles, on est des clandestines ! Elles ruminent tout fort.
Il fait nuit noire. Elles traversent entre les douaniers l'espèce de terrain vague jusqu'au poste des douanes. Sans silence aucun et avec un arrêt pipi dissimulé par un stratagème improvisé sur l'instant. Mais c'est là que commence leur fierté d'ado attardées : « on a pissé sur le poste des douanes haha ! ». Après un bref interrogatoire au poste, un « gentil » flic leur explique qu'elles ne peuvent pas rester en Serbie. Qu'il va donc devoir les reconduire à la frontière. Les deux bougonnent sec, le voyage devient super compliqué si elles ne peuvent traverser la Serbie pour regagner la France. Ça fait un sacré détour... le douanier, quitte une seconde le bureau afin de prévenir ses collègues de la tournure des choses.
C'est alors que Fafreluche le voit. Trônant sur le bureau. L'éclat de l'écusson la démange, que déjà elle l'empoigne et le jette à Kro qui, à ce moment-là sortait une réserve de vodka-pomme de son sac. Tout se passe très vite, Kro enfourne le képi dans son sac pendant que Fafreluche retourne à sa place. Les deux, entre un demi-sourire et deux clins d’œil, reprennent leurs apitoiements comme si de rien n'était.
Cinq minutes plus tard, tassées à l'arrière de la bagnole des douaniers, elles se demandent bien où on les emmènent. Frontière routière. Les flics passent le premier barrage et les laisse en riant entre les deux postes de douanes. Un petit no man's land. Les deux sortent de la voiture et finissent par prendre un fou rire en voyant où elles ont atterri. Que faire, maintenant ? Si tout est aussi absurde, jouons le jeu jusqu'au bout se disent-elles ! Elles déterminent le trottoir liseré blanc et rouge pour passer la nuit. Pendant la nuit, elles seront frôlées par des cars de touristes qui les regarderont comme...